Charles Renoux (1795 - 1846)
Artistes peignant dans les ruines du Château Gaillard près des Andelys en Normandie
Huile sur toile
Signé en bas à droite
40,8 x 32,5 cm
L'exposition de 2014 au monastère royal de Brou : L'invention du passé - Gothique, mon amour a remis en lumière la génération d'artistes du courant dit "troubadour ", qui ont contribué au début du XIXe siècle à la redécouverte du Moyen Age et du patrimoine médiéval de la France. Charles Caïus Renoux y est représenté par deux beaux tableaux - une église gothique en ruine et un intérieur de chapelle - qui rappellent sa spécialisation archéologique, dans le même esprit que François Marius Granet, Charles Marie Bouton ou Jacques Mandé Daguerre. Les nombreuses oeuvres que cet artiste expose au Salon entre 1822 et 1843 montrent pour la plupart des intérieurs d'églises, des monuments et quelques paysages. Par ailleurs, Renoux collabore en tant que dessinateur aux Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France du baron Taylor et de Charles Nodier. On trouve son nom dans divers recueils de lithographies, comme les Vues pittoresques des principaux châteaux des environs de Paris et des départements (1829), dont il est l'auteur avec Daguerre et Bouton (voir une liste complète dans La France romantique, les lithographies de paysages au XIXe siècle par Jean Adhémar).
Dès ses débuts au Salon de 1822, Renoux présente un tableau intitulé : Ruines des casemates du château Gaillard, près les Andelys où est né Nicolas Poussin. Avec cette explication: " Par suite des persécutions qu'il éprouvait, Nicolas Poussin, obligé de quitter sa patrie, vient jeter un dernier regard sur les lieux qui l'ont vu naître. "
Notre toile, qui peut être datée autour de 1825 par une marque de fournisseur au dos, n'est donc ni un projet ni une réplique pour ce tableau historique qui inaugure la carrière de Caïus Renoux. Il s'agit d'un retour de l'artiste dans l'un des lieux les plus emblématiques de la France médiévale, alors que la Normandie commence à être fréquentée par quantité de peintres. Renoux met d'ailleurs en scène ses collègues dessinateurs-archéologues, fascinés comme lui par la forteresse de Richard Coeur-de-Lion. Mais il triche légèrement avec la réalité - ce que révèlent les dessins de dix ans plus tardifs de Charles de la Mare. Il bouche une arcade ogivale dans le donjon et lui substitue un mur plein percé d'une meurtrière. Il en prend à son aise avec les ouvertures dans la courtine voisine et en fait des arcades régulières à travers lesquelles paraît la Seine, à l'image des vues de Rome prises de sous une arche chez les élèves de Valenciennes. A l'aube du romantisme, la poésie des vues de ruines italiennes est ici transposée dans la vieille France.
Acquis par le Musée d'Évreux
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